Quelles sont les étapes de la déclaration de succession d’un français en Espagne ?

Étapes de la déclaration de Succession d’un français en Espagne

 L’article 30 de la Convention fiscale franco-espagnole sur la double imposition du 8 janvier 1963, J. O. espagnol du 07/01/1964 et, concernant la publication française, Décret nº 64-3 du 02 janvier 1964, J.O. du 07 janvier 1964, prévoit que les biens immobiliers feront l’objet d’une déclaration de succession dans le pays où ils sont situés, en l’espèce l’Espagne. Il faut donc signer et présenter en Espagne, tant l’acte de partage comme la déclaration de succession. Cette dernière devra être présentée auprès de l’Administration fiscale centrale de non-résident de Madrid.

L’article 34 de la même convention prévoit que la déclaration relative aux actifs financiers doit s’effectuer auprès de l’Etat du dernier domicile du défunt. Dans de telles conditions les actifs financiers espagnols d’un français qui réside fiscalement en France seront imposés en France.

En Espagne, comme en France d’ailleurs, vous disposez d’un délai de 6 mois à compter de la date du décès, pour présenter la déclaration de succession. Passé ce délai de six mois, les pénalités de retard s’appliqueront comme suit :

Par mois de retard : 1%

Plus de 12 mois : 15%, en plus des intérêts de retard

 Nous pouvons demander un report du délai de déclaration. En effet, nous pouvons, jusqu’au 5ème mois après le décès, qu’il soit intervenu en Espagne ou à l’étranger, demander, une seule fois, un prolongement du délai pour six mois de plus. La déclaration de succession devra alors être présentée, sans pénalités, au plus tard une année après le décès. Passé ce nouveau délai, les pénalités s’appliqueront avec effets rétroactifs au premier délai de six mois après le décès. La suspension des pénalités de retard n’affecte en aucun cas l’application des intérêts de retard. Il est naturellement possible d’effectuer une déclaration préalable et liquider les droits de succession pour mettre un terme tant aux intérêts comme aux pénalités de retard.

 En matière civile, l’article 9 du code civil espagnol prévoit que c’est la législation nationale du défunt qui est applicable à sa succession.

Seulement, l’entrée en vigueur, le 17 août 2015 du Règlement UE n° 650/2012 du Parlement européen et du Conseil du 4 juillet 2012 affecte les successions internationales. Il introduit l’option entre la législation civile nationale et celle du lieu de résidence du défunt. A défaut d’option préalable, c’est toujours la législation civile du lieu de résidence qui est appliquée. Pour la succession espagnole d’un français qui résidait fiscalement en France, cela ne change rien. C’est la législation civile française – en aucun cas la fiscalité – qui reste applicable même en Espagne. Cela signifie que, en matière civile, c’est l’acte de notoriété signé en France qui sera appliqué en Espagne. Le régime matrimonial français, la donation au conjoint survivant ainsi que la réserve légale des descendants, par exemple, sont strictement respectés et appliqués en Espagne.

La fiscalité relève de la souveraineté de chaque pays. L’Espagne attribue d’ailleurs la compétence de l’imposition de la succession aux Communautés autonomes. Celles-ci prévoient toutes des abattements, proches de 100.000 euros par héritier ainsi que des réductions d’impôts proches de 99% par héritier. Comparons l’imposition dans la Communauté de Valence (Alicante, Castellón et Valence), celle de Murcie puis de Madrid. Le patrimoine immobilier espagnol d’un couple, marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, est évaluée à 650.000 euros. Le défunt laisse un conjoint survivant, âgé de 80 ans et qui opte pour l’usufruit ainsi que deux enfants qui héritent à parts égales du reste du patrimoine. Le conjoint survivant sera imposé, au titre du droit de succession, à hauteur de zéro euro, dans la Communauté de Valence contre 14,34 euros à Murcie et zéro euro à Madrid. Chacun des enfants sera imposé à hauteur de 50,57 euros dans la Communauté de Valence contre 183,97 euros à Murcie et 50,26 à Madrid.

La transmission de bien immobilier, que ce soit à titre onéreux ou à titre gratuit, est également soumise à une taxe locale dite taxe municipale sur l’augmentation de la valeur du sol. Le calcul tient compte de la municipalité dans laquelle se situe le bien, de la durée de la propriété, la valeur d’acquisition ainsi que celle de la transmission.

Enfin, j’attire particulièrement votre attention sur le fait que les non-résidents sont redevables, en Espagne et chaque année, de l’impôt sur les revenus de non-résidents, que les biens immobiliers soient loués ou pas. En réalité, le loyer éventuel ne fait qu’augmenter la base d’imposition. Ils sont redevables, du seul fait d’être titulaires d’un bien immobilier qui n’est pas leur résidence principale. La déclaration doit être présentée avant le 31 décembre de l’exercice suivant.

 Quelles sont les étapes de la déclaration de succession d’un français en Espagne ?

 Il conviendrait de suivre les étapes suivantes :

  1. Obtenir un acte de décès dans sa version plurilingue ;
  2. Obtenir le certificat de dernières volontés françaises qui devra être apostillé. Le cabinet se chargera de la procédure d’apostille pour vous. C’est ce document qui justifiera de l’existence ou de l’inexistence de testament en France. Habituellement, les Notaires français l’incorporent à l’acte de notoriété ;
  3. Vérifier les dernières volontés espagnoles ;
  4. Consulter le registre central espagnol des assurances-vie. C’est une formalité obligatoire ici ;
  5. Effectuer l’inventaire des meubles meublants ainsi que leur évaluation. Il ne s’agit pas d’une procédure obligatoire en Espagne mais le nécessaire sera fait si vous le souhaitez ;
  6. Evaluer le bien immobilier. L’Administration fiscale espagnole propose le plus souvent une évaluation minimale. La valeur proposée est le plus souvent inférieure à la valeur du marché mais en retenant une valeur supérieure ou égale à celle de l’Administration, vous serez certain d’éviter un redressement fiscal. Il est ici nécessaire d’examiner le prix de biens similaires mis en vente. Si vous envisagez de mettre en vente le bien à court ou moyen terme, nous pourrions vous soumettre une étude orientée vers la minimisation de la plus-value, imposée actuellement au taux de 19% ;
  7. Préparer une procuration, en français, que chaque héritier pourra signer devant le Notaire de son choix en France. L’acte devra être apostillé. Le cabinet se chargera de toutes les procédures d’apostilles. Cette procuration permettra de régulariser toute la succession en votre lieu et place en Espagne ;
  8. Obtenir un numéro fiscal espagnol. Vous pouvez demander et obtenir vous-même un Numéro d’Identification d’Etranger ou NIE auprès de tout Consulat espagnol en France. A défaut, nous obtiendrons auprès de l’Administration locale un Numéro d’Identification Fiscale qui remplacera votre NIE ;
  9. Désigner un représentant fiscal en Espagne pour chaque héritier et communiquer une adresse espagnole aux fins de signification d’actes administratifs ;
  10. Obtenir une copie authentique d’un éventuel contrat de mariage, d’une donation au conjoint survivant, du procès-verbal d’ouverture et de description d’un testament olographe éventuel, de l’acte de notoriété signé en France ;
  11. Commander une traduction assermentée de tous les actes rédigés en français ;
  12. Signer l’acte de partage portant l’acceptation de la succession en Espagne et devant Notaire ;
  13. Préparer puis présenter la déclaration de succession à présenter auprès du service de non-résidents à Madrid ;
  14. Demander la liquidation de la taxe municipale sur l’augmentation de la valeur du sol ;
  15. Enregistrer le nouveau titre de propriété auprès du Cadastre de manière à actualiser l’identité des futurs débiteurs des taxes locales ;
  16. Enregistrer le nouveau titre de propriété auprès du Registre Foncier ;
  17. Souscrire une assurance habitât si vous le souhaitez ;
  18. Actualiser l’identité du nouveau titulaire de contrat auprès de la compagnie des eaux, d’électricité et éventuellement de gaz, si vous le souhaitez ;
  19. Actualiser l’identité des nouveaux propriétaires auprès du Syndic ;
  20. Mettre en place le prélèvement automatique des taxes locales, des factures d’électricité, d’eau et/ou de gaz, des primes d’assurance et des appels à cotisation du syndic directement sur votre compte bancaire français si vous le souhaitez, sans devoir ouvrir un compte bancaire en Espagne et multiplier les commissions bancaires. L’IBAN a été inventé pour vous simplifier la vie et vous pourriez en profiter ;
  21. Vous rendre compte de notre intervention ;